De nos jours, un nombre croissant de femmes s’expatrient. Des femmes qui obtiennent des postes à l’étranger, qui s’expatrient pour accélérer leur carrière, des femmes qui suivent leur conjoint. Peu importe le profil, elles sont de plus en plus nombreuses à découvrir les joies (et les bas) d’une vie en expatriation.

L’adaptation peut sembler facile mais en réalité il s’agit d’un véritable choc culturel pour les femmes expatriées. Elles doivent en effet relever des défis uniques qu’on méconnait ou qu’on ne mesure pas à leur juste valeur à des milliers de kilomètres de chez elles.

Cet article souligne ces défis, ce qu’on entend par choc culturel. Il permet aussi de dire haut et fort que non, la vie n’est toujours pas un long fleuve tranquille, même en expatriation, même dans un pays qui évoque de suite les cocotiers et le farniente.

Alors qu’entend-on par choc culturel ?

Quels sont les défis que nous devons relever quand on est une femme expatriée ?

Quelles sont les stratégies à adopter…pour surmonter ce choc culturel ?

C’est parti pour un tour du sujet de la question !😊

 

Comprendre le choc culturel

femme interloquee vert

Je ne comprends pas…

 

Qu’entend-on par choc culturel ?

Ce concept déconcertant nous touche particulièrement en expatriation. Pour résumer, nous y sommes confrontés quand nous nous sentons différents, pas à notre place, depuis que nous vivons dans un pays étranger. Nous vivons des différences culturelles, des différences linguistiques, nous devons apprendre de nouveaux codes, intégrer de nouvelles coutumes, gérer une autre façon de vivre le quotidien et cela peut dérouter.

 

Pourquoi vivons-nous un choc culturel ?

Très souvent, depuis notre naissance, nous avons vécu dans une certaine culture et nous avons développé une façon de faire et de voir les choses. Cela se fait naturellement, nous n’avons pas la sensation de devoir l’apprendre. Quand nous habitons à l’étranger, il faut tout réapprendre. Il faut s’ajuster aux manières dont les gens pensent et agissent. Nous devons nous adapter, changer pour pouvoir nous intégrer. Pour certaines choses, cela sera facile car elles seront assez semblables, pour d’autres, cela demandera plus de temps.

 

Quelles sont les phases du choc culturel ?

Nous pouvons en distinguer 4.

  1. Phase de l’enchantement initial

C’est le début de l’expatriation. Nous venons d’arriver et nous sommes super enthousiastes à l’idée de découvrir une nouvelle culture, de vivre le temps différemment. On rencontre de nouvelles personnes, tout va vite, très vite et nous profitons à fond de cette première étape.

  1. Phase du conflit culturel

Le temps passe, nous avons pris nos marques et nous avons plus de temps pour réfléchir, réaliser. Réaliser que ce n’est pas si facile d’accepter parfois les différences culturelles, pas si facile de les comprendre, pas si facile d’apprendre la langue et de communiquer comme nous le souhaiterions.

Nous réalisons aussi que le temps peut sembler long si nous n’avons pas la chance d’avoir trouvé du boulot, une activité qui nous remplisse, si nous n’avons pas la chance d’avoir rencontré des personnes avec qui échanger et partager des valeurs.

C’est souvent durant cette phase que la prise de conscience de la perte de son identité survient chez la femme expatriée. Nous ne savons plus trop qui nous sommes, ce que nous voulons et le moral s’effrite.

  1. Phase de l’ajustement

Avec le temps, nous apprenons aussi à naviguer dans la culture d’accueil, à trouver un équilibre entre nos attentes de départs et la réalité, nos valeurs et celles du pays dans lequel nous vivons qui peuvent ne pas être pleinement en accord.

Les coups de blues, voire les burn-out (car il y en a), amènent vers des prises de décision qui vont avoir un impact positif sur notre vie de femmes expatriées.

C’est en effet souvent après un passage à vide que nous arrivons à rebondir et à voir enfin l’étendue de nos compétences. Une fois que la prise de conscience est faite, nous pouvons entamer une nouvelle vie. Une reconversion, une formation ou que sais-je encore. Beaucoup de femmes expatriées profitent d’ailleurs de leur expatriation pour oser se lancer dans une activité nouvelle (mais j’anticipe sur la phase 4).

  1. Phase de l’acceptation

Comme je l’évoquais dans la phase 3, les coups de blues nous poussent dans nos retranchements et nous obligent à accepter pour pouvoir avancer et nous affirmer. J’ai le sentiment que l’urgence est encore plus grande en expatriation. Peut-être parce que nous sommes isolées, peut-être parce que nous puisons sans cesse dans nos ressources et que nous avons cultivé une force intérieure et une détermination particulièrement développée à force de devoir trouver des solutions à plein de problèmes en respectant des délais très courts.

Le nouvel équilibre trouvé nous fait accepter notre situation et ce constat est libérateur.

Nous pouvons désormais envisager l’expatriation sous un angle nouveau et en tirer parti. L’expatriation est pleine d’avantages en effet, qu’ils soient personnels ou professionnels, et saisir les opportunités qui se présentent devient alors possible lors de la phase 4.

 

Les défis spécifiques aux femmes expatriées

Une fois défini le concept de choc culturel, passons aux défis à proprement parler que doivent affronter les femmes expatriées. J’en traiterai cinq aujourd’hui, qui me semble récurrents.

 

Le rôle traditionnel de la femme

Dans de nombreuses cultures et dans la nôtre encore notamment, les attentes sociales traditionnelles envers les femmes incluent le fait d’être des épouses et des mères dévouées. Lorsqu’une femme expatriée suit son conjoint à l’étranger, il peut y avoir une pression pour qu’elle remplisse ces rôles de manière encore plus accentuée, car elle est souvent la principale personne responsable du bien-être de la famille et de l’éducation des enfants. Ce qui est fou c’est que même si le discours évolue et change quant au rôle de la femme dans la société, cet aspect perdure encore.

Voici une petite anecdote pour illustrer mon propos.

Nous passions des vacances chez des amis et un matin, mon conjoint et notre ami emmènent les enfants au parc. Deux papas, donc, qui emmènent les enfants au parc. Avec la maman, mon amie, nous les rejoignons plus tard et ils nous racontent alors qu’ils ont été arrêtés par deux voisines qui ont fait leur éloge parce qu’ils emmenaient les enfants aux parcs. Parce qu’ils s’occupaient de leurs enfants. Hum…Combien de fois m’arrête-t-on dans la rue pour me féliciter pour mon travail de mère ? Jamais. Comme quoi, oui, les représentations ont la dent dure.

 

L’isolement social

Quand nous ne travaillons pas à l’extérieur, nous pouvons vite nous sentir isolées quand on vit en expatriation. Nous pouvons nous retrouver à la maison toute la journée sans interaction avec des collègues ou des amis, ce qui peut être très difficile sur le plan émotionnel. Il est facile de perdre pied, de broyer du noir et d’entrer dans un cercle vicieux qui nous sabote le moral et notre confiance en nous.

 

La dépendance financière

Ce défi concerne particulièrement les femmes qui suivent leur conjoint. Celles-ci étant très nombreuses, je ne me voyais pas faire l’impasse sur le sujet.

Quand nous sommes conjoint-suiveur, nous avons bien souvent laissé derrière nous un boulot et nous nous retrouvons sans revenu, complètement dépendantes de notre conjoint.

Gros retour en arrière, impression d’être redevenue mineure, ras-le-bol de devoir demander de l’argent pour payer telle ou telle chose et de devoir le justifier, … Voici une liste non exhaustive des émotions que peut traverser une femme sans revenu qui vit à l’étranger.

Cette situation nouvelle bouleverse, change la donne au sein du couple et il est important de pouvoir discuter et poser les choses clairement, en valorisant les rôles de chacun dans le couple et la famille, même s’il n’est pas question de rémunération, afin que tous puisse s’épanouir pleinement dans cette nouvelle vie.

 

La pression sociale

Vivre à l’étranger représente pour beaucoup une chance, l’occasion de profiter de la vie, des voyages, d’obtenir plus de confort. Si tout cela n’est pas faux, cela ne veut pas dire que ce sera facile et beaucoup de femmes expatriées portent le masque du « tout va bien » alors qu’elles craquent et n’arrivent pas à s’adapter à leur vie en expatriation.

Il est encore assez mal vu et mal compris de dire que nous n’y arrivons pas, que nous n’aimons pas notre vie loin de chez nous. Même si l’espace pour exprimer ce mal-être devient plus important, il est encore bon de rappeler que nous pouvons et nous avons le droit de nous sentir fragiles, pas épanouies dans cette nouvelle vie.

 

La flexibilité

Enfin, dans certains cas, nous sommes encouragées à être flexibles et à nous adapter aux besoins de notre conjoint quand on vit à l’étranger. Qu’il s’agisse de déménagements fréquents, de changements de carrière ou d’autres ajustements, il nous est demandé de faire preuve de souplesse.

Recommencer à chaque fois, retrouver des repères pour soi et sa famille, reconstruire son réseau, peut être épuisant et usant et relever ce défi démontre bien la force que nous déployons quand nous vivons en expatriation.

 

 

Les stratégies d’adaptation

cubes fleche escalier cible

Se fixer des objectifs réalistes pour atteindre son but.

 

Si le choc culturel semble presque inévitable, comment réussir à le surmonter ? Que mettre en place pour mieux vivre son expatriation ?

 Anticiper

Se préparer à l’expatriation est primordial. Se renseigner sur sa culture d’accueil, sur les quartiers et la praticité de ceux-ci, sur la langue, sur les possibilités de travail, les activités bénévoles, le statut de la femme dans la société …Contacter des membres des accueils des Français de l’étranger, des amis d’amis peut se montrer très efficace pour obtenir des réponses actualisées et concrètes.

Prendre aussi le temps de se demander si nous serons en accord avec les valeurs du pays d’accueil, si nous pouvons les accepter, composer avec quand elles semblent éloignées des nôtres.

Travailler notre ouverture d’esprit. S’expatrier est un voyage, et dans tout voyage nous découvrons des choses nouvelles, des choses aux antipodes de ce que nous connaissions jusqu’à lors. Et ça fait du bien d’ouvrir le spectre d’un quotidien nouveau ! Encore faut-il que notre esprit soit prêt.

 

Créer du lien

L’une des stratégies les plus efficaces pour s’adapter à un nouvel environnement est d’apprendre la langue locale et de se familiariser avec la culture. Cela facilite la communication, l’intégration et la compréhension des normes sociales locales.

Vous pouvez aussi vous inscrire à des activités bénévoles, artistiques, culturelles, locales ou non. Participer aux actions du réseau des accueils français à l’étranger.

Rester en lien avec ses amis, ses proches.

 

Développer et travailler sa résilience culturelle

Une autre stratégie à ne pas négliger et dont on parle moins est la résilience interculturelle.

Mais qu’est-ce que c’est exactement ?

Également appelée compétence interculturelle ou intelligence culturelle, elle fait référence à la capacité d’une personne à s’adapter, à comprendre et à prospérer dans des environnements culturellement différents. Cela implique la capacité à évoluer efficacement dans des contextes où les valeurs, les normes, les comportements et les attentes culturelles diffèrent de celles de sa propre culture d’origine.

Comment la travailler, la développer ?

 

Communication interculturelle

Commencez par vous familiariser avec les différentes cultures avec lesquelles vous interagissez. Cela inclut la compréhension des valeurs, des coutumes, de l’histoire et des comportements des autres cultures. Plus vous en savez sur une culture, mieux vous pouvez vous adapter et éviter les malentendus. Apprendre à communiquer efficacement avec des personnes de différentes cultures est fondamental. Cela comprend la prise de conscience des différences de style de communication, de ton et de langage corporel. Au Vietnam, par exemple, si quelqu’un lève la main et fait un mouvement circulaire en vous regardant, cela ne veut pas dire qu’il vous traite de folle, mais que sa réponse est négative : il vous dit non. Cela peut déjà éviter quelques tensions.

 

Gérer les conflits et tolérer l’ambiguïté

La résilience culturelle implique d’accepter que les différences culturelles peuvent parfois créer de l’ambiguïté ou de la confusion. C’est la capacité à tolérer et à gérer cette ambiguïté de manière constructive qui va nous aider à mieux appréhender notre culturel d’accueil.

Être ouvert au changement et capable de s’adapter rapidement à de nouvelles situations culturelles est essentiel pour développer la résilience culturelle.

La résilience culturelle implique également la capacité à gérer les conflits interculturels de manière constructive, en évitant les préjugés culturels et en cherchant des solutions mutuellement bénéfiques.

 

Empathie et Respect

L’empathie envers les personnes de cultures différentes et le respect de leurs perspectives, même si elles diffèrent des vôtres, est l’un des piliers d’une meilleure adaptation en expatriation.

Se remettre en question et réfléchir à ses propres croyances, valeurs et préjugés culturels est tout aussi fondamental. Personne n’est parfait, nous avons tous à apprendre de l’Autre, alors profitons de l’expatriation pour s’ouvrir encore un peu plus.

 

Le choc culturel de la femme expatriée, des défis bien réels à relever

Vous avez désormais en mains quelques outils pour vous aider à composer avec le choc culturel.

Il est important de noter que toutes les femmes expatriées ne font pas l’expérience de ces attentes et de ces émotions de la même manière, et certaines peuvent avoir un soutien significatif de leur conjoint et de leur nouvelle communauté. Cependant, il est essentiel de reconnaître ces attentes potentielles et d’offrir un soutien aux femmes expatriées pour qu’elles puissent prendre des décisions éclairées sur la manière de gérer ces pressions et de maintenir un équilibre sain entre leurs propres besoins et les attentes de leur entourage.

J’ajouterai que l’écriture est un outil formidable pour mettre à plat ce tourbillon d’émotions, pour oser dire les choses telles qu’on les ressent vraiment. Je vous invite fortement à l’utiliser. Un carnet et un stylo suffisent pour commencer à écrire ce qui vous passe par la tête cinq minutes tous les jours. Cela vous aidera à y voir plus clair, à vous libérer d’un poids.

Si vous avez envie qu’on aille plus loin sur ce sujet, n’hésitez pas à m’écrire un petit mail ou à vous inscrire à ma newsletter et recevoir gratuitement votre premier carnet d’écriture !