La dépendance financière : une réalité de l’expatriation
Partir à l’étranger, c’est laisser des choses derrière soi.
Des personnes qu’on aime mais aussi un métier, une source de revenus.
Quand on part et qu’on suit son conjoint, on n’envisage pas forcément la perte d’indépendance financière.
On est plongée dans les joies des préparatifs, l’excitation de la découverte.
C’est plus tard que cette réalité nous rattrape.
L’expatriation, c’est aussi ça: une dépendance financière pour le conjoint qui suit.
La dépendance financière : quels sont les sentiments en jeu?
Première installation à l’étranger : tout est beau, tout est chouette !
On s’organise, on découvre la ville, les quartiers, les petits coins sympas, tout va bien.
On est prise dans l’euphorie des débuts et on ne s’attarde pas sur les premières phrases qui peuvent un peu piquer :
« Ah, vous êtes la femme de… »
« C’est vous la maman de… »
Oui, c’est moi tout ça, mais surtout, c’est moi, Mélanie. Juste Mélanie.
Les jours passent, puis les semaines, et ce sentiment qu’on arrivait à évacuer persiste et s’invite de plus en plus souvent jusqu’à occuper la majeure partie de nos pensées.
On vient de signer un bail longue durée avec un drôle de locataire : une sorte de perte de personnalité et de confiance en même temps !
On réalise alors qu’en effet, on ne travaille plus.
En effet, on est « la femme de … » et qu’on dépend de lui sur le plan financier.
Ca calme.
On a le sentiment d’avoir régressé, presque abandonné quelque chose.
Imaginez que plus de 76% des conjoints d’expatriés ont un diplôme bac+4 ou plus ! Ce qui suppose que nombre d’entre eux ont accepté de mettre entre parenthèses leur carrière et que ça, on en parle très peu.
Concrètement ça se traduit comment ?
Je donne quelques exemples car beaucoup pensent encore que tout est simple en expatriation, que c’est une chance de ne pas travailler, que l’on ne doit pas se plaindre parce que notre conjoint a une situation confortable.
Déjà, non, tous les expatriés n’ont pas de gros contrats, comme on dit, et beaucoup sont en contrat local.
Oui, même avec une situation financière aisée, on peut ne pas être épanouie. Ce n’est pas un caprice, c’est notre humanité qui parle.
Imaginez.
Vous avez repéré une activité pour les enfants et vous avez envie de les y inscrire car elles sont rares et vous culpabilisez de décider cela toute seule. Vous demandez alors à votre conjoint si c’est d’accord pour lui. Alors, oui, bien sûr, on discute même hors expatriation des activités des enfants, mais je trouve que cela prend une autre ampleur quand on sait que celui qui supporte financièrement la famille n’est pas vous. Vous prendriez certainement plus de liberté si vous étiez deux à le faire. Non?
Ou bien, le soir, votre conjoint rentre et vous demande ce que vous avez acheté car il a été prévenu via une application de sa banque d’une activité sur la carte bleue. Il vous demande ça gentiment, sans arrière-pensée mais a-t-on envie d’être questionnée là-dessus ? A-t-on envie de se justifier là-dessus ?
Quel impact peut avoir la dépendance financière sur le couple ?
On peut en arriver à ne plus avoir confiance en son conjoint.
On peut éprouver une forme de lassitude à devoir se justifier en permanence, ou trop régulièrement.
On peut ressentir un fort sentiment d’infantilisation si l’on doit demander de l’argent chaque semaine pour tenir le budget du foyer.
Le vide qui s’empare de nous peut aussi déteindre sur le couple et la famille. L’envie s’éteint et tout devient plus compliqué, plus poussif. On s’empêche de vivre naturellement car on n’en peut plus de devoir tout justifier.
On se sent moins autonome et la relation s’en trouve déséquilibrée si on n’arrive pas à maintenir le dialogue.
Que faire pour sortir de cette dépendance financière ?
Intégrer le conjoint suiveur dans le « package » expatriation
Idéalement, ce serait que les entreprises prennent en compte les conjoints des salariés qu’ils envoient à l’étranger.
J’ai connu quelqu’un dont l’entreprise avait pris en compte le bien-être de son épouse et envisagé le rôle qu’elle jouerait dans leur expatriation. Elle proposait un budget pour qu’elle puisse se former, créer son activité, ou toute autre chose qui lui permettrait de se construire professionnellement et de participer au bien-être de la famille…et donc indirectement de celui de l’entreprise. Car, je le répète, si le conjoint n’est pas bien, l’expatriation a toutes les chances de capoter.
Evidemment, je comprends que toutes les boîtes ne puissent le faire.
Se centrer sur ce qu’on veut
Pas toujours facile mais fondamental.
Mettre en place un curseur pour nous alerter quand on dépasse une limite, quand on passe un cap dans le « je m’oublie ».
Pour cela, je t’invite vraiment à essayer l’écriture. Une écriture routinière, quotidienne, pour te poser ce type de questions :
Qu’est-ce que je veux vraiment pour moi ?
En quoi cela me rend-il heureuse ?
Ce questionnement régulier permet de maintenir un lien avec notre centre. De rester coneectée à nos envies, nos désirs et à réévaluer plus en finesse ce qu’on est capable d’accepter ou non. Ce qu’il faut modifier et comment on pourrait le faire.
Créer son activité
C’est une idée qui fonctionne !
Je l’ai moi-même testée. Pas de panique, ce n’est pas la voie royale pour qui ne se sent pas capable ou pas encore, mais c’est une manière de mettre en œuvre nos valeurs, ce qui nous meut et ce qu’on sait faire. Et je ne parle pas là uniquement de compétences académiques. Et donc, par conséquent, de retrouver du sens.
Pour créer son activité, on peut avoir besoin d’un soutien, d’être coachée pour passer le cap. Pour envoyer bouler les peurs et les freins.Pourquoi ne pas en parler et mettre le sujet sur la table avec votre conjoint pour voir si c’est faisable?
Je vous assure qu’on se fait une montagne de la micro-entreprise alors qu’en réalité, c’est assez simple de se lancer. Le plus dur est dans la durée : tenir, évoluer dans la durée. Mais c’est une autre histoire.
Quand on décroche nos premiers contrats même s’ils ne seront pas forcément suffisants pour faire bouillir toute la marmite, on est sacrément fier et on retrouve une forme de dignité par rapport à ce sentiment de dépendance financière.
Réactiver sa confiance en soi et restaurer son estime de soi
Avec le temps, la confiance en soi se délite et on risque de se trouver tout plein d’excuses pour ne pas postuler à un emploi qui est peut-être un peu éloigné de ce qu’on faisait mais qui pourrait être sympa quand même.
Prenez soin de vous, prenez le temps de vous faire du bien pour réactiver cette confiance !
Inscrivez-vous à des activités qui vous apportent de l’énergie positive, dans lesquelles vous vous sentez bien et qui vous donnent du plaisir.
Ecrivez, là encore !
Ecrivez, inventez, faites lire vos textes, partagez, recevez des retours sur ce que vous dites. Vous verrez, ça va vous booster pour des semaines entières !
Les ateliers d’écriture sont géniaux pour ça, pour remettre de l’entrain, de la vie, du sourire dans un quotidien un peu gris.
Ecrire c’est exister, c’est se réparer, c’est rêver grand…c’est être fière de soi !
Alors, foncez !
Rencontrer du monde et renouer avec le monde professionnel
Être ouverte aux opportunités et croire qu’on est capable.
Il est important de sortir de la maison. De renouer avec le monde, de se créer un réseau. Je dis ça et pourtant, croyez-moi, je suis plutôt nulle à ce jeu-là.
Le réseau peut se créer sans forcément aller dans des réunions spécialisées au début si cela vous intimide.
Cela peut-être au gré des rencontres. Ne pas hésiter à parler de soi, de ce qu’on sait faire et surtout de ce qu’on aurait envie de faire. Être suffisamment confiante pour oser demander aussi.
Souvent on pense qu’on dérange, que c’est culotté, que ça ne se fait pas, alors que quand on ose demander, on réalise bien souvent que la personne en face n’en fait pas tout un fromage ou ne nous prend pas de haut. Bien au contraire.
Pour récapituler sur la dépendance financière en expatriation
Être conjoint suiveur suppose bien souvent une dépendance financière qui met à mal notre estime de nous, notre relation à l’autre, aux autres.
En parler est un début. Il faut arriver à sortir de ce tabou. Cela aide à mettre en place des actions pour en sortir ou mieux le vivre.
En parler avec son conjoint, en parler avec ses proches. Ne pas avoir honte.
Quelques pistes pour vous aider à vous sentir mieux par rapport à la dépendance financière :
- Ecrire tous les jours. Comme une méditation, une thérapie intuitive pour évacuer, s’interroger sur ses besoins, ses désirs, où on en est.
- Demander les aides possibles à une évolution personnelle : auprès de l’entreprise de votre conjoint, au consulat, autour de nous.
- Créer son activité et se lancer un nouveau défi
- Renouer avec le monde professionnel du salariat en étant convaincue qu’on est capable ! Car vous l’êtes!
Est-ce que cet article te parle?
As-tu déjà vécu cette situation? Qu’as-tu mis en place à ce moment-là?
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