Pourquoi lire délivre, apaise ?
Lire nous soigne. Lire nous délivre.
Les mots, toujours les mots, les mêmes mots, les nouveaux mots.
On les croque, on les met sous la langue, ils fondent, ils nous font du bien. Ils nous ouvrent la porte d’une liberté jamais égalée.
Se plonger dans un livre c’est un remède à la mélancolie, au vague à l’âme, au manque d’air, au coup de blues, au chagrin d’amour, au deuil.
Pourquoi les livres délivrent ?
Un guide d’émotions
Petite, j’ai découvert la lecture et j’ai très vite compris, j’ai très vite senti que je ne pourrais jamais plus m’en passer.
Les livres m’apprenaient la vie. Ils m’apprenaient ce que je ne soupçonnais pas.
Ils m’apprenaient ce que je devinais mais ne savais pas encore nommer.
Ils m’apprenaient ce dont je ne pouvais pas parler avec mes parents.
Ils m’apprenaient le voyage, l’Autre. Le goût des autres.
Il suffisait d’un livre, la sensation du papier et soudain, les mots !
Les mots qui nous prennent au cœur au fil des pages. Des mots qui nous racontent des personnages qu’on s’imagine, des histoires qu’on interprète et qui font tourner l’imagination, qui vont aller chercher au fond de nous.
On lit avec la tête mais surtout avec le cœur, avec qui on est. Chacun aura une lecture particulière d’un récit.
Un choix
Les livres délivrent car nous les choisissons. Sciemment ou inconsciemment. Parfois, on pourrait même dire qu’ils nous choisissent.
Selon le moment, la période de notre vie, on peut être attiré par certains romans ou poèmes, certaines thématiques. Cela évolue avec le temps, en fonction de ce que nous vivons.
Les mots revêtent alors une importance unique à nos yeux. Unique pour nous et unique en fonction du temps, du moment vécu. On va se sentir touché(e), intrigué(e), compris(e) grâce aux livres. Entendue()s.
L’auteur écrit, mais une deuxième écriture existe dans l’interprétation qu’en fait le lecteur.
Faire une pause, s’accorder un moment hors du temps rien qu’à soi
Quand on saisit un livre, on saisit également un moment, un lieu.
On décide de s’accorder ce temps. On s’en empare.
Même s’il est court, on le ressent. On pense à l’endroit où on va s’installer, si on va prendre un plaid ou une boisson chaude. Ce sont des moments qu’on vole au monde extérieur, un pied-de-nez au rythme infernal que l’on s’impose souvent.
Oui, quand on saisit un livre, on coupe avec le monde extérieur, on s’évade. On oublie.
Pour illustrer ce propos, je m’appuie sur une expérience que je vis actuellement : le confinement.
Je suis enfermée depuis maintenant 4 mois avec aucune visibilité quant aux semaines qui arrivent. 4 mois, c’est long. Il y a de quoi se décourager, péter les plombs, sombrer, ressasser, déprimer.
J’ai des moments de gros blues. J’ai aussi des moments plus lumineux. Et ces moments-là me sont notamment apportés par la lecture.
Je n’ai jamais autant lu depuis que je suis confinée. Enfin, si, avant, dans ma jeunesse, avant les enfants et le boulot, « à l’époque » en somme, mais cela faisait bien longtemps que je n’avais pas dévoré autant de romans.
Les romans ont eu ma préférence et je développerai plus loin quel rôle la fiction peut jouer dans nos vies.
J’ai lu et je me suis échappée. J’ai pris la poudre d’escampette vite fait bien fait.
J’ai oublié les barbelés qui cernent mon quartier, j’ai oublié les repas à préparer avec le peu de vivres qu’on trouve, j’ai oublié que cela fait 2 ans que je n’ai pas vu ma famille et mes amis.
J’ai oublié et je me suis reprise à rêver, à éprouver toute une palette de sentiments que je n’ai pas au quotidien, mes jours étant plus ou moins les mêmes.
Ainsi, j’ai passé des heures dans le cabinet d’un médecin génial qui a le souci de ses patientes,
j’ai suivi l’évolution d’un garçon lumineux dans une Amérique nouvelle pour lui et mis mes pas dans ceux des immigrés italiens du début du XXème,
j’ai découvert la personnalité complexe, sombre d’un policier écossais,
j’ai traversé la détresse et le courage d’hommes qui ont souffert de la première guerre mondiale,
j’ai été entourée de mes amies, mes 4 fantastiques, en lisant un roman sur l’amitié.
(Je vous mets les références en bas de cet article si vous avez envie de découvrir ces romans.)
Et ces lectures m’ont fait un bien fou ! Elles m’ont soulagé de mon fardeau, des soucis, des angoisses, et même si elles ne le font que temporairement, c’est déjà énorme.
Lire canalise le mental
Elle calme l’esprit. On ne pense plus au quotidien, aux repas à préparer, aux enfants à aller chercher. Si le roman est bon, on oublie tout. On déconnecte complètement. Le mental est canalisé, un peu comme quand on pratique la méditation. Sauf que je trouve ça bien plus facile que la méditation ! 😄
Autant, j’ai du mal à rester concentrée, canalisée quand je médite, mes pensées tourbillonnant avec force dans ma tête, autant je plonge ultra rapidement dans une intrigue, surtout quand elle est bien menée.
La lecture, une ouverture sur le monde
Lire permet d’ouvrir l’esprit, de repousser les limites, de s’ouvrir aux autres. Si l’on regarde aujourd’hui le nombre de livres écrits et publiés, ça donne le tournis. Tant d’écrits sur des milliers de sujets, tous différents. Des sujets incongrus, inimaginables avant de les avoir lus.
C’est une énorme opportunité d’apprendre et d’être surpris. De s’interroger et de s’émerveiller. De partager. De ne plus être centré sur son nombril. De comprendre aussi.
Comprendre notre monde, nos cultures.
De mieux se comprendre aussi.
Fiction, essais, documentaires, beaux livres, tous les livres ont ce pouvoir de nous ouvrir l’esprit si tant est qu’on le désire.
Ils sont à notre portée pour nous ouvrir de nouvelles portes, bousculer nos idées reçues.
Une étude en neurosciences¹ dit même que comprendre les émotions d’un personnage de roman, vivre dans un roman ce qu’il vit, c’est presque comme si on l’avait vécu. On le comprend de la même manière ou presque car cela active les mêmes zones de notre cerveau que celles qui seraient activées si on était dans le réel. C’est fou, non ?
Des recherches scientifiques ont aussi démontré que la lecture allongeait non seulement la durée de vie, si si, mais augmentait notre capacité à nous lier aux autres et à les comprendre, nos capacités cognitives également. Et bien sûr notre esprit critique.
Alors, hop ! Une bonne dose de lecture pour tout le monde, et il ne s’en portera que mieux !
Le rôle de la fiction dans notre vie
Lire de la fiction nous permet de partir à l’aventure, de découvrir de nouveaux mondes, d’oser des choses folles que jamais nous n’aurions osées dans la vraie vie.
La fiction nous aide également à comprendre. A comprendre comment fonctionne l’autre. On peut se mettre dans la tête d’un personnage et entrevoir les nuances d’une réflexion, la complexité d’une personnalité, d’une émotion, d’une réaction.
A travers la lecture de fiction, on accepte aussi de se regarder car les intrigues parcourues peuvent nous renvoyer à une situation vécue. A un sentiment que l’on éprouve et dont on a peur. On prend alors le temps et le courage de l’affronter, et on réalise qu’on n’est pas seul(e) à éprouver ça.
On prend conscience que rien n’est tout blanc ou tout noir. La lecture nous donne l’opportunité de changer de perspectives, de points de vue. C’est une vraie richesse !
De cette manière, on cultive notre empathie, notre manière de nous positionner face aux autres.
On engrange des éléments qui nous permettront de mieux comprendre des situations que nous n’avons peut-être pas encore expérimentées.
Et la lecture nous permet aussi d’alimenter notre plume pour celles et ceux qui aiment écrire. Et l’on comprend bien pourquoi après ce que je viens d’évoquer !
Qu’ajouter de plus si ce n’est de vous encourager à prendre un bon roman et à vous y plonger ?😉
Dis-nous en commentaires ce que tu lis en ce moment, si tu lis beaucoup, avec modération, pas du tout, ce que la lecture représente pour toi !
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Références
Romans:
Le choeur des femmes, Martin Winckler
Le gang des rêves, Luca di Fulvio
La mort dans l’âme, Ian Rankin
Au revoir là-haut, Pierre Lemaître
Trois, Valérie Perrin
¹ MAR, Raymond A. The Neural Bases of Social Cognition and Story Comprehension. Annual Review of Psychology. 2011. Vol. 62, pp.103-134
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