J’aime particulièrement ce moment où je découvre un nouvel auteur, un nouvel univers dont je sais qu’il va chambouler ma vie.

Je plonge littéralement dans un nouveau monde, je décolle.

Ces rencontres se font grâce au fruit du hasard, même si je doute que hasard il y ait vraiment, mais aussi et souvent grâce aux rencontres, aux échanges que nous pouvons avoir les uns avec les autres sur les livres qu’on a lus.

J’aime ce moment d’échanges, j’aime découvrir des livres grâce aux autres, amis ou inconnus rencontrés dans le train. La rencontre fixe le souvenir, la rencontre intensifie le coup de coeur. On relie le livre à quelqu’un, à un moment, à un lieu.

Alors aujourd’hui, j’ai envie de te parler de quelques livres qui m’ont marquée.

Cela nous donnera l’occasion de nous balader un peu ensemble en ce beau mois d’avril et de mieux nous connaître.

Le soleil des mourants, de Jean-Claude IZZO.

J’ai lu ce roman alors que j’étais en exil.

J’ai lu ce roman alors que je pensais à mes anciens élèves, ces jeunes âmes voyageuses qui m’avaient tant émue.

J’ai lu ce roman et j’ai pleuré. De rage et de bonheur. De rage devant la cruelle et implacable force tragique du destin. De bonheur devant les personnages que Jean-Claude Izzo a façonnés et qu’il nous offre avec générosité. Beaux, débordants d’humanité.

J’ai lu ce roman et j’ai pensé à mes élèves. A ma famille. A la vie.

J’ai lu ce roman et j’ai eu envie de courir à Marseille m’imprégner de sa lumière telle qu’elle y est décrite.

J’ai lu ce roman et je me suis dit, tout doucement, comme un secret, une révélation, que j’étais tombée sur un grand auteur, que j’étais  tombée sur un grand homme.

Kriptonita, de Leonardo Oyola.

Roman argentin fort, brutal, poignant et un poil fantastique.

L’amitié y tient une place fondamentale, l’injustice et le déséquilibre social également. L’auteur nous parle d’amour, de danse, de musique, de poésie, de rêves, de loyauté dans une société qui veut enterrer tout cela. Dans une société où on veut nous faire croire que la misère anéantit ces valeurs, anéantit toute trace d’humanité, de culture. C’est faux.

Non seulement elles perdurent, certes souvent dans la violence, mais elles atteignent une forme de victoire fantasmée et impitoyable.

Leurs enfants après eux, de Nicolas Mathieu. Ce livre m’a fait penser aux romans de Sabatier qui parlent de Belleville, de la vie du quartier qui défile. J’y ai retrouvé cette même atmosphère familière. Des sensations communes. Un sens du détail, un art du quotidien. On suit les personnages comme dans un film. Un film où il ne se passe pas grand-chose à part l’essentiel. Ce roman peut laisser un goût amer, un goût de tragédie trop souvent répétée, mais il nous force aussi à rester en alerte, à rester vigilant, et à ne jamais fermer la porte à une possibilité.
La suite de cette série, jeudi! En attendant, tu peux nous dire ce que tu lis en ce moment, quels sont les livres qui t’ont particulièrement marqué(e)… Ca nous donnera des idées! 🙂