Le grand départ est dans quelques jours. Bientôt l’avion, les adieux déchirants avec la famille, l’arrivée dans un pays où il fait chaud, très chaud, où les riches sont très riches et les pauvres très pauvres.

Bientôt tout ça, et l’angoisse te tombe dessus. Bam ! Impossible de t’y soustraire. Ça monte et ça t’oppresse. C’est la fin, tu le sens, tes dernières forces vont y rester.

Bon, j’exagère un peu. J’avoue que j’aime bien installer une tension pas toujours nécessaire dans ce que je raconte. Ce doit être mon humour un peu lourd.

Mais en vérité, ça arrive quand même de se sentir hyper angoissée alors qu’on pensait avoir bien géré la préparation du départ en expatriation.

Pourquoi ça arrive et comment gérer cette angoisse ?

Voici 3 conseils incontournables pour t’aider à préparer ton départ en expatriation.

 

Faire le deuil

Faire le deuil de sa vie d’avant le départ en expatriation.

Quand on décide de partir en expatriation, on en discute beaucoup avant. On en parle avec son conjoint, si on part à deux, avec ses enfants, si on part à plein.

On en parle aussi avec ses proches : la famille, les amis, les collègues.

On se pose mille questions, on se crée des milliers (oui, oui) de scénarios possibles dans sa tête. Les « et si » carburent à fond !

Et puis, vient l’épiphanie, LA réponse : c’est un grand OUI, on s’en va !

La période de joie, d’excitation commence. On prépare les affaires, on regarde les sites internet sur notre nouveau pays, on contacte des accueils sur place histoire de ne pas arriver trop en touriste et de prendre la température du quotidien là-bas.

On est dans l’action, on avance, on pense peu. On pense moins.

On pense notamment moins à ce à quoi on dit au revoir. A ce à quoi on renonce aussi.

Et c’est là que l’angoisse peut commencer à se nicher. Dans ce creux très étroit. Elle s’installe et elle attend.

En effet, s’installer à l’étranger est un renoncement. Notamment pour le conjoint qui suit. C’est un renoncement qui ne rime pas avec quelque chose de négatif mais c’est un renoncement.

Oui, j’écris plusieurs fois ce mot car il est important.

On renonce à un boulot qu’on adorait, à des amis avec qui on se fendait régulièrement la poire, auprès de qui tout semblait facile, réconfortant.

On renonce à un quotidien auprès de la famille, à voir grandir les petits cousins. A voir vieillir les parents.

On renonce à qui on était dans cette société.

Et renoncer ici implique faire le deuil de tout ça. Faire le deuil de cette période où on tenait le premier rôle, où on était en maîtrise. Et par maîtrise j’entends le fait qu’on évoluait dans un milieu connu, dans lequel on savait vers qui, vers quoi se tourner en cas de problème, en cas de changement d’aiguillage.

En expatriation, non seulement, on peut se retrouver sans rien faire de la journée, mais surtout, on ne sait pas qui contacter, quoi faire, comment faire pour se reconstruire une vie à soi dans ce nouveau quotidien. Et c’est bien normal !

Faire le deuil de ce qu’on laisse derrière nous est donc une étape importante pour diminuer l’angoisse qui nous étreint au moment de donner son passeport à l’aéroport.

Vous voyez tous l’image de la mariée qui s’enfuit devant l’autel ? Ben voilà, on peut penser à ça au moment d’embarquer vers une nouvelle vie. Et encore plus si on n’a pas accepté l’idée que c’est le cours des choses. Si on n’a pas posé des mots sur cette nouvelle étape.

 

Être au clair avec soi-même

Se regarder droit dans les yeux

La question du deuil m’amène à celle de l’honnêteté vis-à-vis de soi-même pour mieux gérer l’angoisse provoquée par un départ en expatriation.

Que veut-on pour nous dans cette expatriation ?

Et là, toutes les réponses sont valables. Il s’agit juste de ne pas les nier ou les minimiser pour rentrer dans une case, ou pour ne pas choquer, blesser, ou encore donner une image de soi qui serait perçue négativement.

Par exemple, on peut avoir terriblement envie d’arrêter de bosser et de profiter de la vie, de ce moment pour ne rien faire ou pour suivre des cours de peinture.

Tout comme on peut avoir terriblement envie de reprendre des études, ou de trouver un boulot dans un domaine qu’on n’avait jamais envisagé en France.

L’erreur serait de se dire qu’on va retrouver du travail rapidement en expatriation alors qu’on ne le veut pas, parce qu’on a du mal avec l’idée de devenir une personne oisive, de devenir une femme expat telle que beaucoup de clichés la montrent : cocktail à la main, conversations creuses qui tournent autour du dernier chauffeur de chéri (même si cette femme existe, il y en plein d’autres bien plus complexes).

Oui, partir en expatriation, c’est aussi être confrontée aux clichés et se battre contre eux. Il est en effet bien plus facile pour beaucoup de mettre les gens dans des cases que de les voir dans leur complexité d’être humain.

On a le droit d’avoir envie de souffler sans pour autant devenir une femme au foyer ou une mère dévouée à sa petite famille et ne faire plus que ça. J’en connais qui sont devenues pro de la salsa, d’autres qui ont monté leur activité de couture, qui se sont découvert une passion pour le marathon ou qui ont écrit un bouquin ! Tu peux d’ailleurs trouver des histoires de vie inspirantes sur le net.

Répondre à ce qu’on veut pour soi, on peut le faire avant le départ, avec une feuille de papier, un stylo. On peut vider, lister, mettre noir sur blanc émotions et désirs. Ecrire nous aide à prendre de la hauteur et à éloigner l’angoisse.

Cela permet de ne pas être trop déstabilisée par les remarques du style :

« Oh, mais c’est le moment d’avoir des enfants en Chine, les nounous sont super ! » (True story).

Parce que ça, c’est super angoissant ! On part indépendante et légère et hop, on évoque le départ en expatriation et on nous enfile en deux secondes le costume de la mère de famille nombreuse ! 😱 Mais qui suis-je, où vais-je et toutes les étagères qui vont avec ?

 

Parlons argent

Dans cette quête de vérité, il est également fondamental de mettre à plat ses ambitions financières car ce sujet est délicat et ô combien perturbant en expatriation. Il provoque des angoisses, ce sujet ! Surtout si on suit son conjoint. J’en ai parlé dans un article précédent que tu peux découvrir ici. Le poser en amont permet de prévenir ces crises d’angoisse. On sait vers quoi on va, on peut le discuter.

Si je deviens dépendante de mon mari financièrement, comment faire pour ne pas me sentir réduite à un statut de mineure ? Je vais en effet être responsable de la logistique de la maison, de l’intendance, de la paperasse administrative, des enfants, du relationnel, … Et ça, c’est à valoriser avant de partir. Et à accepter comme quelque chose qui n’est pas de second plan, voire dégradant.

Combien de fois ( et je l’ai d’ailleurs dit moi-même très souvent) , j’ai entendu :

« mais je ne fais QUE ça. » de la part de femme expat qui ne travaillaient pas en expatriation ?

Or, quand on regarde avec un tant soit peu d’objectivité dans le rétro, on réalise qu’on fait TOUT ça ! Et que bien des professionnels n’ont pas cette polyvalence et cette réactivité après des années d’expérience.

 

No limit

Alors, encore une fois, que veut-on pour soi quand on part en expatriation ?

Réellement et intensément.

Et là, je t’invite à ne pas te poser de limites.

A te reconnecter à ce qui te procure de la joie, à ce qui faisait briller tes yeux quand tu étais petite. Et ce qui les fait encore briller mais que tu regardes peut-être de loin parce que tu penses que tu as raté le coche.

S’il y a bien une chose que j’ai apprise en expatriation, c’est que c’est un moment pour s’autoriser, un moment pour oser…tout !

Un moment pour être soi pleinement et faire enfin toutes ces choses qu’on s’interdisait en France parce que c’était réservé au frangin, parce qu’on n’avait pas le bon diplôme, parce qu’on ne rentrait pas dans la bonne case ! Je te le prouve en vidéo, moi qui suis très timide! Auto-dérision, sois la bienvenue!😁

Faire exploser les cadres c’est bien l’intérêt numéro un de cette vie à l’étranger tu ne crois pas ? Alors, saisis-la !

 

Anticiper sur plusieurs plans

Enclencher la boîte à questions

Il y a donc plusieurs choses que l’on peut faire pour gérer l’angoisse du départ en expatriation qui ne nécessitent pas forcément de recherche sur le pays d’accueil.

Mais parfois, on a aussi besoin d’en savoir plus sur ce qui nous attend en expatriation.

Est-ce qu’on va pouvoir travailler dans ce nouveau pays en tant que conjoint ? Quel visa faudra-t-il ?

Est-ce que la langue du pays est indispensable pour trouver un emploi ?

Est-ce que je peux poursuivre mon activité en libéral là-bas ? Quels sont les papiers nécessaires ?

Est-ce qu’il est facile de se déplacer ?

Question fondamentale, croyez-moi. Le quotidien à Shanghai et à Saigon était bien différent à ce niveau-là et les déplacements difficiles dans la ville vietnamienne ont eu raison de mes premières envies professionnelles.

La langue est-elle facile à apprendre ? Où puis-je le faire ? Est-ce que cela peut être pris en charge par l’entreprise de mon conjoint ?

Il y a en effet certaines entreprises qui proposent un accompagnement pour le conjoint, ce qui semble logique et normal, mais malheureusement pas suffisamment répandu.

 

S’informer sur les conditions de vie dans le pays

Il est important aussi de se poser la question de comment on vit là-bas en tant que femme expatriée.

Est-ce que l’on peut circuler librement ou bien est-ce que la tension politique nous oblige à rester en résidence fermée ? Ce ne sont pas du tout les mêmes vies.

Quand on part dans un pays avec de forts contrastes économiques, je pense qu’il faut également  envisager son positionnement vis-à-vis de tout ça.

On ne mesure en effet jamais suffisamment l’impact que cela peut avoir sur nous, même si on a régulièrement été confronté à ce type de problématique dans notre pays. Pourquoi ? Parce que c’est complètement inconnu et que tout sera vécu à une échelle bien plus grande. Et qu’on sera émotionnellement fragile car loin de nos repères.

La première fois que je suis passée devant les bidonvilles de Buenos Aires, j’en ai pleuré. Et pourtant, je travaillais auprès de populations dites sensibles en France, je côtoyais une grande misère dans le cadre de mon travail et j’avais en parallèle vu plein de documentaires sur l’Argentine et sa situation économique, mais y être confrontée en vrai a provoqué un choc violent. Une réalité qui me sautait à la gorge et me terrassait.

 

Le deuxième effet kiss cool

Selon ses convictions, ses centres d’intérêts, son degré d’engagement, je pense qu’il n’est pas inutile d’envisager aussi une déception, une tristesse, un effet qui ne prend pas. Le fameux deuxième effet kiss cool avant d’arriver à l’étranger.

Quand on est originaire du pays dans lequel on va, et encore plus si on n’y a jamais vécu, c’est encore plus important d’anticiper cet effet car les questions identitaires vont nous être renvoyées d’emblée :

 » Tu es comme nous, tu nous ressembles,… » mais tu ne parles pas la langue, mais tu t’habilles différemment.

C’est dur parfois de constater qu’on est de là-bas sans y être.

C’est dur de constater qu’on ne s’adapte pas alors qu’on devrait. Enfin, selon les codes parfois trop étriqués de notre société.

C’est dur et ça peut nous angoisser. Nous provoquer de l’incompréhension et un sentiment de détresse.

 

6 clés pour gérer l’angoisse du départ en expatriation

… Récapitulons

  • Faire le deuil de ce que tu quittes, sans rentrer dans le mélodrame mais parce que c’est important, ça fait partie du processus d’expatriation, comme quand tu quittes le lycées, ou que tu fais tes premiers pas dans la vie active.
  • Être au clair avec ce que tu veux pour toi en expatriation, sans censure aucune ! Assumer pleinement tes envies.
  • Anticiper, se questionner sur le quotidien dans le pays d’accueil, trouver des réponses à des situations concrètes pour évaluer le plus de possibles avant même le départ.
  • Questionner ses attentes, envisager une déception en se disant que ce n’est pas parce qu’on part vivre loin qu’on doit forcément trouver tout extraordinaire et être transportée de joie à chaque instant.

 


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