Conjoint suiveur : un équilibre instable
Vivre à l’étranger. Partir vivre loin pour suivre son conjoint.
Le projet est séduisant: tu sautilles de joie et de curiosité à cette idée.
Tu es pleine d’enthousiasme même si tu sais que tu vas devoir laisser ton boulot qui te plaît tant. Que tu ne sais pas ce qui t’attend vraiment là-bas.
Quand on suit son conjoint en expatriation, on s’embarque pour une aventure qui remue. On n’envisage pas l’ascenseur émotionnel qui nous attend.
Suivre son conjoint, c’est avancer, évoluer, mais c’est aussi renoncer et se remettre en question en permanence.
Comment construire ce nouvel équilibre ?
Suivre son conjoint en expatriation
« – On part en Argentine ! »
« Euh, oui, ok mais bon, je fais comment moi avec le travail ? Je viens d’accepter un poste super… »
Après des heures de conversation, vous tombez d’accord. C’est une opportunité en or, une possibilité de découvrir de nouveaux horizons, d’apprendre une culture, une langue et d’offrir à vos enfants une ouverture sur le monde encore plus grande.
Emballé c’est pesé, tu démissionnes et vous voilà prêts à partir en Amérique du sud.
Les premiers mois sont super : entre installation et découverte de la ville de Buenos Aires, tu ne vois pas le temps passer. Tu ne t’ennuies pas entre les activités liées à la maison, le suivi des enfants, et quelques sorties que tu t’autorises de-ci, de-là. Ton conjoint est content, les enfants aussi. Tout roule.
Le petit grain de sable
Un an passe, puis deux, et un jour, tu sens comme une pointe amère qui vient te titiller l’estomac. Quelque chose de léger, très ténu. Tu n’y fais pas trop attention au début et puis, de plus en plus, cette sensation désagréable prend de la place. Qu’est-ce que c’est ?
Tu commences à t’interroger.
Tu prends un peu de recul sur ta vie, ton quotidien.
Et là, PAF ! D’un coup, ça t’assomme !
Tu réalises que tu as envie de plus. Que tu veux te réaliser autrement que comme femme d’expat. Ou femme expat.
Non pas que tu méprises ce statut, tu sais bien que ce n’est pas si doré que ce qu’on laisse souvent entendre. Mais tu repenses à ta vie d’avant. A ton métier, à ce qui te poussait à te lever le matin avec la patate et l’envie de changer les choses.
C’est les montagnes russes d’un coup.
Le vertige lié au manque, à l’absence de sens donné à ton quotidien. Puis les bouffées raisonnables pour te convaincre que si, ça va aller, vous êtes bien. Et ça ne va pas durer.
Une question d’identité
Certains diront : « Mais attends, tu exagères. Vous avez une bonne situation, les enfants vont bien et franchement, tu as quand même la belle vie. J’aimerais trop découvrir la pampa moi aussi ! »
Et ils ont raison. Tout va bien.
Alors pourquoi ce besoin de plus ?
Peut-être parce qu’on est une personne à part entière et pas juste une mère, une épouse, une femme de. Et que chaque être a besoin, a le droit de pousser, de fleurir, de s’épanouir. Et de donner du sens à sa vie !
Et parfois, le sens va au-delà des responsabilités du foyer. Et ce n’est pas être égoïste que de penser cela.
Car si notre âme, notre flamme intérieure s’éteint, comment peut-on trouver l’énergie, la force de porter le foyer ? De rayonner sur notre entourage, de motiver et stimuler nos enfants, d’être en lien avec notre conjoint ?
Que faire quand la machine s’enraye ?
Eh bien, je ne sais pas trop.
« Quoi, tout ça pour ça ?! »
Il n’y a pas de bonne réponse, il n’existe pas une seule et unique solution.
✳️ Communiquer beaucoup avec son conjoint.
✳️ Laisser ses peurs de côté aussi.
Quand on vit depuis longtemps à l’étranger, il y a probablement une certaine appréhension à rentrer.
✳️ Construire de nouveau autre chose pour se créer son métier et se donner les moyens d’en vivre.
✳️ Rectifier le tir dans les activités qu’on peut faire là où on se trouve, même si cela ne correspond pas complètement à ce qu’on désire.
✳️ Y croire.
✳️ Se reconnecter à soi pour aller sonder ce qui manque vraiment, identifier ce qui va nous réanimer.
Identifier ses ressources
Il y a quand même quelque chose à relever.
Tu as vu, j’ai fait durer le suspense.?
Quand on part vivre en expatriation et qu’on est celui ou celle qui suit, on développe tout un tas de qualités et de compétences qu’on n’avait pas forcément avant.
Ou dont on n’avait pas conscience.
Notre sens de l’adaptation, notre sens de l’organisation pour aller identifier tout ce qui va rendre la vie de notre tribu plus agréable, plus sereine et faciliter l’intégration.
Notre résilience également. On accepte, on tombe, on se relève et toujours on va chercher l’optimiste en nous.
Mais surtout, il est important de réaliser, de prendre conscience de notre capacité à sortir en permanence de notre zone de confort.
On est obligé(e) d’aller vers les autres, de s’exposer un tant soit peu pour créer du lien dans notre nouvelle communauté d’accueil. On doit aller chercher l’information, se montrer, et crois-moi quand on est timide ou qu’on n’est pas du tout comme ça, ce n’est pas toujours gagné.
On doit parfois aller chercher encore plus loin quand les premiers codes ne nous satisfont pas. Se réinventer un quotidien loin de celui qu’on espérait, qu’on avait envisagé. La réalité n’est pas toujours celle qu’on pensait.
On fait tout cela car, quand on suit, on est en quelque sorte le pivot.
Sans notre adhésion, l’expatriation a toutes les chances de se casser la figure.
Alors, j’ai envie de dire :
Prends conscience de cette force et félicite-toi, toi qui as décidé de partir dans ces conditions !
Virginie Jullien, coach de vie et spécialiste de l’expatriation développe un argumentaire très intéressant sur les 5 forces qu’une femme expat et un(e) entrepreneur(e) ont en commun. Je vous invite à le lire, il vous donnera des idées… Du moins, des ailes !
Ecrire ?
J’ai pu constater que beaucoup de personnes en expatriation en ont profité pour écrire.Notamment des femmes, des conjoints suiveurs, comme on dit.
Ecrire pour elles, ou publier. C’est le cas de l’auteure Aurélie Valognes notamment.
Moi-même j’ai créé mon activité autour de l’écriture.
Cela peut-être une idée, une échappatoire, la réalisation d’un rêve ?
Peut-être qu’au-delà de l’expatriation, c’est aussi cette fameuse crise interne que l’on peut vivre à quarante ans, cinquante ans ? Même à trente ans désormais! Cette quête de soi permanente ?
L’avenir nous le dira.
5 éléments à retenir pour (re)trouver/maintenir un juste équilibre quand on est conjoint suiveur:
- Si tu sens le blues arriver alors que tout roule autour de toi, accueille-le. Il veut sûrement te dire quelque chose et ce n’est pas anodin.
- Prends conscience de ta valeur, de ta force, de ton poids dans la réussite de cette expatriation.
- Identifie tes qualités, tes talents et sollicite-les.
- Sois indulgente avec toi-même…
- Et écris ! Ce que tu vis reste une expérience hors norme, elle vaut la peine d’être consignée dans un carnet pour en reparler ensuite. Tu ne crois pas ?
Es-tu toi aussi en expatriation ? Connais-tu ces montagnes russes et que mets-tu en place pour les surmonter ?
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